jeudi 28 mars 2013

Comme un parfum de septembre...

Mes élèves regressent. Je replonge sans plaisir aucun dans mes souvenirs de rentrée : maîtresse excédée, énervement croissant, fins de journée rythmées par le match agitation contre éclats de voix.

Je regresse. Je replonge sans plaisir aucun dans mes souvenirs de lycée : orgies excessives, engloutissement croissant, fins de journée rythmées par le match mauvaise conscience contre éclats de chocolat.

dimanche 24 février 2013

Pensée négative.

J'ai hérité de ma maman la fâcheuse habitude de commenter à voix haute la plupart de mes gestes. Je lui dois également mes orteils boudinés façon "knacki balls", impossibles à fourrer dans la moindre chaussure sans souffrir le martyre, un système circulatoire défaillant, une tendance à être désespérément accrochée au regard et à l'approbation des autres, une voix chevrotante lors de prises de parole en public, à laquelle j'ai adjoint le visage empourpré, histoire de me distinguer dans cet art que nous maîtrisons toutes deux si bien ; entre autres réjouissances qui ne font pas de doute sur ma généalogie.

En empoignant mon portable avant de me mettre au lit, donc, m'a échappé cette phrase qui après-coup, m'a laissé un arrière-goût aigre-doux.

"Mon téléphone, pour avoir l'heure..."

True story.

mercredi 13 février 2013

Wanted (c'est de saison, paraît-il).

Mâle heureux
Mâle poli
Mâle habile
Mâle honnête
Mâle propre
Mâle adroit
Mâle chanceux
Mâle sain
Mâle aimable
Mâle aimé...

mardi 5 février 2013

Faire peau neuve,

ou comment j'ai claqué 415€.

Impossible de résister à l'improbable opportunité de trouver dès la première porte poussée deux paires de chaussures soldées, de ma pointure, et qui me plaisent. Incapable de réfréner l'envie de m'offrir ce pull en mérinos qui m'a sauté dans les bras (et il était indigne de le séparer de la cour de ses sujets, veste et gilet). Inconcevable d'ignorer l'appel pressant des dessous raffinés à prix cassés de chez Darjeeling.

Mais la folie valait le coup : achats validés par les fashionistas les plus aguerris.
"Jolie tenue." - "Vous êtes magnifique maîtresse." - "On dirait une juge."


Pour les sous-vêtements, on se contentera de mon auto-satisfaction, faute de public averti à disposition.

On ne choisit pas les trottoirs de Caucriau' pour apprendre à marcher.

Il y a des moments, où, assez nettement, je prends conscience de ce que traînent mes élèves (il serait très réducteur de penser qu'ils n'apportent à l'école que leur cartable !).

Aïda est arrivée lundi avec une large mèche de cheveux en moins. Scalpée pendant le weekend, elle reste évasive sur la cause de cet élagage. Le lendemain, le répondeur me retransmet la voix courroucée de la maman, qui s'insurge d'avoir vu sa fille revenir de l'école avec un "trou sur la tête". La miss a changé de version : c'est à l'école qu'on l'a ratiboisée. Perplexité...

Après interrogatoire ("nous avons les moyens de vous faire parler !"), il s'avère qu'Aïda, gênée par sa mèche, s'est elle-même coupé les cheveux, sa maman ayant remis à "plus tard" son passage chez le coiffeur. La directrice de l'école, tentant d'adoucir la discussion, se lance dans un éloge du "diminue-tifs" afin qu'Aïda comprenne qu'elle aurait dû patienter plutôt que de sortir ses ciseaux. Aïda, laconique :

"Je suis jamais allée chez le coiffeur."

Ces enfants savent que le "plus tard" de leurs parents est un "jamais" déguisé.



Sinon, il y a aussi la fois où, proposant à une maman de remplir les documents pour la participation de son fils à l'aide personnalisée, elle m'a confié ne savoir écrire que son prénom ; la rencontre avec une maman le visage couvert de bleus, suivie d'un appel des services sociaux ; la mine déconfite d'une maman débordée par sa fille hilare de me raconter la fois où son papa a frappé sa mère dans le dos avec une saucisse (le soir où on leur avait coupé l'électricité), et tant d'autres (mamans, toujours des mamans)...


Être né quelque part.



Bruits de cour

"Hey, Quentin, c'est ton mec ?"
"T'es folle, il est moche, et en plus il est français !"

Ou comment les discours parentaux déteignent parfaitement sur les enfants.

jeudi 31 janvier 2013

Faf Larage, qui l'eût cru ?

Face au rang désarticulé ; devant la mine boudeuse de Moussa ; en entendant une énième trousse se vider de son contenu sur le sol ; après avoir répété 10 fois la même consigne ; à la découverte d'un cahier où rien n'est souligné ; en constatant qu'une fois de plus El Hadji a "oublié" sa punition à la maison, mais qu'il l'a faite, j'te jure maîtresse ; en voyant mes "shhhhhh" se heurter à un mur de bavardages ; en croisant le regard ahuri de Maëva essayant de défaire l'épais brouillard formé dans son esprit depuis que le mot "division" a fait son entrée dans nos murs ; après avoir essuyé les remontrances d'une mère insatisfaite (chéri a vomi 10 minutes avant la délivrance (i.e. 16h30) pendant que je dirigeais une chorale de 90 élèves, et je n'ai pas pris le temps de l'appeler, quelle enseignante incompétente je fais !) ; en sentant mes poils se hérisser au désormais prohibé "oui mais" ; à chaque intervention inopinée ; pour chaque rapporteur écourté dans sa délation ; à chaque sollicitation simultanée (j'ai beau avoir des yeux dans le dos, je n'ai qu'un cerveau)...

"J'ai pas l'teeeeeeeeemps, mon espriiiiiiiiiiit, glisse ailleeeeeeeeurs !!!"